Le Déclin de l'Impérialisme Contemporain
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DE L'INSURRECTION À LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE (2)

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Message par Admin Jeu 2 Juil - 1:04

CHAPITRE 2. DE LA RÉVOLUTION D'OCTOBRE À LA SECONDE GUERRE MONDIALE


19. Les instances idéologique et politique ne sont jamais les instances dominantes de la lutte de classe. Toutefois, en situation insurrectionnelle ces instances peuvent devenir déterminantes. C'est l'instance économique de la lutte de classe entre le capital et le travail, entre la bourgeoisie et le prolétariat, qui est dominante. Toute analyse concrète d'une situation concrète doit donc commencer par l'analyse du contexte économique de la lutte.

20. Toute organisation prolétarienne évolue en fonction des balises imposées par la progression de la lutte de classe, d'abord sur le front économique, et ensuite, sur les fronts politique et idéologique. Aucune organisation politique ne maîtrise le mouvement prolétarien spontané et une organisation révolutionnaire doit s'ajuster aux flux et aux reflux du mouvement révolutionnaire mécanique. C'est cette incapacité de compréhension et d'ajustement qui explique l'anémie - l'isolement - le sectarisme et le dogmatisme du mouvement de la gauche communiste mondial face aux exigences de la phase prérévolutionnaire.

21. Après la défaite de la Révolution russe la "bolchevisation" des organisations communistes et de l'International communiste, s'imposa spontanément au mouvement comme l'acceptation de cette défaite. La "bolchevisation" des organisations ne constitua pas le motif de la défaite de la révolution en Russie et dans plusieurs autres pays. La "bolchevisation" fut la résultante du dépérissement de la vague insurrectionnelle spontanée et du cul-de-sac révolutionnaire dans lequel les prolétaires d'Europe et de Chine furent contraints.

22. Pour comprendre la voie empruntée par le Parti bolchevique, par l'Internationale communiste, et par les partis communistes nationaux, il faut analyser les transformations amorcées dans l'instance économique de la lutte de classe pendant la Grande Guerre. Ainsi, un pays féodal arriéré sur le plan économique, industriel, commercial, financier, et surtout du point de vue du développement des forces productives sociales (paysannes et artisanales), ne peut en aucun cas donner naissance à un État, à une société socialiste, en marche vers le mode de production communiste. Ceci est encore plus vrai si cette société arriérée est isolée et assiégée par des pays capitalistes agressifs et interventionnistes.

23. De ces axiomes, il découle que la prise de pouvoir par le Parti bolchevique en Russie, puis la campagne de conquête des territoires de toutes les Russies par l'Armée Rouge furent les erreurs fondamentales qui enclenchèrent la dégénérescence du mouvement révolutionnaire bolchevique. Si la construction d'une société socialiste, puis du mode de production communiste, avait été possible en URSS, en 1917, le "stalinisme" comme d'aucuns l'appellent, et toutes les autres variantes d'opportunisme et de réformisme auraient été écartées par le prolétariat révolutionnaire. Mais justement, le prolétariat russe étant minoritaire (7 millions d'individus tout au plus), alors que les masses paysannes étaient majoritaires (plus de 35 millions de moujiks, semi-esclaves, et analphabètes, travaillant le sol à l'araire) dans un pays pas encore sorti du féodalisme et dirigé par un monarque despotique. Les autres États et territoires regroupés autour de la fédération de toutes les Russies soviétiques étaient dans un état d'arriération économique et de déprédation sociale encore plus profond. Dans nombre de ces pays féodaux le prolétariat n'existait pas. Les conditions objectives de la révolution prolétarienne retardaient sur les conditions subjectives idéologiques et politiques. La volonté révolutionnaire du Parti bolchevique et de Lénine ne pouvait combler ce retard économique.

24. À l'exception de quelques rares courants communistes de gauche, la plupart des courants politiques d'opposition ne surent observer l'impasse dans laquelle s'engageait la révolution bolchevique en direction de la création d'un puissant État capitaliste monopoliste bureaucratique visant à faire franchir à la fédération de toutes les Russies le passage obligé vers le mode de production capitaliste monopoliste nécessaire. Les multiples oppositions gauchistes et droitistes suggérèrent que seule la direction révolutionnaire était erronée et qu'elle pouvait être rectifiée. Elles ont suggéré qu'une pléthore de décisions était fautive et qu'un solide coup d'étrier organisationnel suffirait à redresser la barre du bateau ivre de l'empire soviétique à construire.

25. Ce fut l'erreur de Trotski notamment qui proposa sa propre ligne opportuniste en lieu et place de celle de Staline. Même attitude de la part de Zinoviev, Kamenev, Piatakov, Radek, Rykov, Boukharine et de toutes les autres oppositions. Le "stalinisme", pour user de l'expression utiliser par ces opposants, fut la réponse opportuniste d'une révolution piégée par une économie et une société archi arriérée par rapport aux nécessités d'une révolution prolétarienne communiste.

26. De fait, user de l'expression "Stalinisme" révèle une déviation idéaliste dans l'analyse matérialiste dialectique de la situation économique, politique et sociale de la Russie soviétique. L'histoire de l'humanité n'est pas l'histoire des grands hommes. L'histoire de l'humanité est l'histoire des masses populaires organisées et agissantes en classes sociales. Le soi-disant "Stalinisme" fut la réponse du mode de production, des rapports de production, et des classes sociales (massivement paysannes et analphabètes) de toutes les Russies incapables d'accoucher du mode de production communiste alors qu'elles n'avaient pas encore connu le capitalisme monopoliste productiviste débridé et décadent. Il n'y a pas eu de révisionnisme stalinien. Il y eut un révisionnisme bolchevique (que Staline a concrétisé) et quand Khrouchtchev déboulonna Staline le révisionnisme bolchevique demeura en place jusqu'à son effondrement sous sa forme totalitaire en 1991 - ayant accompli sa mission historique. La révolution prolétarienne est aujourd'hui à l'ordre du jour en Russie impérialiste.

27. Nonobstant les courants sectaires et dogmatiques, accordons au Parti bolchevique et à Staline le mérite d'avoir réussi mieux que quiconque à diriger l'empire de toutes les Russies féodales dans la construction d'un capitalisme monopoliste d'État totalitaire puissant. En vingt ans à peine, cette nouvelle puissance impérialiste a été capable d'affronter et d'écraser une puissance impérialiste mondiale de premier plan, l'Allemagne. Imaginer ce qu'il en aurait été si le Tsar et sa cour féodale avaient repris le pouvoir. Imaginer les détachements de cavalerie et leurs piétailles se fracassant sur les panzers divisions nazies. Car l'Allemagne aurait attaqué et occupé la Russie et ses dépendances sous gouvernance tsariste tout aussi sûrement qu'elle le firent des Russies soviétiques. Car l'impérialisme allemand aurait eu tout autant besoin du blé d'Ukraine, du pétrole de Bakou, des minerais de l'Oural et des esclaves salariés des Russies tsaristes que des ressources des Russies soviétiques.

28. La Révolution prolétarienne n'a pas été trahie Monsieur Trotski, elle s'est enlisée, car elle était paralysée dans cet étroit économique féodal, isolé et assiégé. La Révolution d'Octobre devançait l'histoire qui avançait à reculons. Les conditions subjectives devançaient les conditions objectives. L'inverse de ce que l'on observe un siècle plus tard en Amérique, en Europe, en Chine impérialistes. Comment et pourquoi cette inversion ? C'est avant et pendant la Seconde Guerre mondiale que s'amorça ce virage, cette liquidation des conditions de la Révolution prolétarienne internationale.

29. Le Parti bolchevique, à travers le contrôle légal qu'il exerçait sur l'appareil d'État soviétique devint le principal véhicule d'ascension sociale et d'édification de la classe bourgeoise bureaucratique totalitaire de toutes les Russies. C'est à travers le Parti, et à travers l'État contrôlé par le Parti, que s'édifia la superstructure de classe bourgeoise indispensable à la construction du mode de production et d'échange capitaliste (MPC), en même temps que cette édification créait les bases matérielles nécessaires à cette classe en consolidation. Cette classe affichera ouvertement son pouvoir à différentes étapes du développement historique du capitalisme en URSS. D'abord, lors de l'imposition de la Nouvelle Économie Politique (NEP- 1921), puis au moment de la "désoviétisation" de l'URSS (les Soviets étant transformés en coquilles vides démunies de tout pouvoir). Ensuite, dans la préparation du pays à l'affrontement mondial dont fit partie le processus de "bolchevisation" des organisations communistes nationales et internationales. Ce fut ensuite la révolte de palais organisée par la clique entourant Khrouchtchev, leur porte-parole. Ce "coup d'État", solidement soutenu par la bourgeoisie au sein du Parti, se fit sans que le Parti Communiste (bolchevique) ne bronche. Puis l'aboutissement de cette descente aux enfers marqua la liquidation définitive de l'ordre légal totalitaire "soviétique" orchestré par Gorbatchev, porte-parole des apparatchiks du Parti installés au pouvoir d'État et empressés de s'emparer privément des moyens de production et d'échanges publics. Malgré l'évidence de ces évidences observables pour qui a des yeux pour voir, la "bolchevisation"(qui débuta à la fin des années vingt), et sa chape de plomb eurent raison de toute dissension dans les organisations communistes, même parmi l'Opposition. Plus tard, les maoïstes à Pékin et les "Hodjistes" à Tirana furent incapables de comprendre les fondements profonds de la révolte de palais Khrouchtchévienne et de ses suites jusqu'à la dégénérescence "Gorbatchevienne" qui les emporta eux aussi.

30. Pire, une grande partie des énergies de la Gauche communiste d'opposition, des années vingt jusqu'à nos jours, sont dilapidées à s'entredéchirer et à s'excommunier mutuellement. Pourquoi le prolétariat internationaliste s'arrimerait-il à ces esquifs à la dérive s'écorchant sur des récifs idéologiques fumistes ou utopistes, si éloignés du marxisme dialectique ?

31. La "bolchevisation" du PC(b), de l'Internationale communiste et des partis communistes nationaux fut la réponse de la nouvelle bourgeoisie d'État soviétique à l'agression économique, politique et idéologique qu'elle subissait de la part des bourgeoisies capitalistes environnantes et concurrentes : " Comme le montre fort bien Arthur Koestler dans Le zéro et l'infini, la dialectique des épurations successives a été sous-tendue par le fait que le Parti et La Patrie du socialisme, l'URSS, étaient entourés d'ennemis. Il fallait donner l'impression d'une forteresse assiégée pour consolider la 'foi' dans le Parti et créer la nostalgie d'une communauté perdue : un patriotisme d'organisation. Cette fiction a bien marché puisque beaucoup d'opposants se sont dénoncés, ont fait leur autocritique ou ont signé des 'aveux' pour défendre le parti. Mais ce qui est assez incroyable, c'est que la tactique qui a fonctionné parfaitement au sein des partis communistes stalinisés de l'entre-deux-guerres a tendance à se perpétuer facilement dans les organisations révolutionnaires aujourd'hui " (1). Nous ajouterions quand à nous que la vague des organisations marxistes-léninistes et maoïstes qui a surgi pendant la crise économique systémique mondiale des années soixante-dix sombra elle aussi dans le salmigondis de la "bolchevisation" (comme l'appel les camarades français), dans la Cour des Miracles du sectarisme, du communalisme et du dogmatisme que Lénine avait pourtant vertement critiqué: " Il est du devoir des militants communistes de vérifier par eux-mêmes les résolutions des instances supérieures du Parti. Celui qui, en politique, croit sur parole est un indécrottable idiot ". (Lénine cité dans Conception du chef génial. Internationalisme, no 25, 1947.) (2)

32. L'organisation prolétarienne révolutionnaire repose sur la nécessité et le devoir du débat économique, politique et idéologique au sein des organisations et sur le droit de constituer des fractions au sein de l'organisation comme l'écrivent les camarades de la Gauche communiste : " Toute l'histoire du mouvement ouvrier, et ses moments les plus riches nous en apportent la preuve, n'a été qu'une continuelle confrontation de groupes et de tendances. " (3) L'organisation prolétarienne révolutionnaire n'est pas, et ne peut pas être, une organisation de masse comprenant des centaines de milliers de membres alors que sévit la toute-puissance du totalitarisme capitaliste monopoliste d'État. Quand l'économie capitaliste connaît des regains de prospérité relative - le mouvement révolutionnaire prolétarien connaît des replis significatifs. Quand l'économie capitaliste monopoliste d'État connaît des poussées de crise, le mouvement révolutionnaire prolétarien connaît des montées de fièvre révolutionnaire importantes. Il est alors à souhaiter que les organisations prolétariennes révolutionnaires parviennent à se hisser à la hauteur idéologique et politique de la mission historique de la classe qu'elles sont censée dirigée.

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33. En 1945, la victoire de l'économie politique et militaire capitaliste monopoliste d'État soviétique (totalitaire), contre l'économie politique et militaire impérialiste germanique (totalitaire), ne transformera pas pour autant cette Seconde Guerre meurtrière en une guerre ouvrière pour la défense de la "patrie" des prolétaires. Le prolétariat n'a pas de "patrie", il n'a que ses chaînes à défaire, notamment ses chaînes "patriotiques et nationalistes". Du point de vue de l'empire de toutes les Russies, le Parti "national" bolchevique avait raison d'appeler ce conflit la Grande Guerre Patriotique Multinationale car ce combat n'était pas la bataille du prolétariat soviétique internationaliste (en création dans les usines d'état monopolistes sous les mots d'ordre productivistes et stakhanovistes). Ce conflit était celui de la résistance des peuples et des bourgeois soviétiques multinationaux luttant avec acharnement pour conserver leur nouvel État-nation industrialisé et modernisé, créer en accéléré par des "communistes" désorientés. Une étape nécessaire et incontournable pour la préparation de la révolution prolétarienne à venir quand les prolétaires seront massivement majoritaires.

34. Du point de vue marxiste prolétarien, la guerre civile nationaliste-patriotique de la 2e République bourgeoise espagnole a constitué le prélude à la Grande Guerre Patriotique Soviétique de 1941. En 1936, ce sont les soldats nationalistes patriotiques espagnols, dirigés par Franco, qui assassinèrent leurs frères de classe républicains nationalistes-patriotiques soutenus par les puissances impérialistes de l’Ouest (comprenant l'URSS). Ce furent les troupes républicaines du Gouvernement bourgeois de Madrid qui exterminèrent leurs frères de classe qui étaient soutenus par les puissances impérialistes de l’Axe. Le mouvement ouvrier mondial était alors trois ans avant le Traité de non-agression germano-soviétique (1939 - un premier retournement d'alliances) et cinq ans avant l’Opération Barberousse (1941 - et un second retournement d'alliances); sept ans avant la dissolution de l'Internationale communiste (1943) et neuf ans avant les accords impérialistes de Yalta et de Potsdam (1945) et le partage du monde entre puissances impérialistes triomphantes et toujours concurrentes - ce qu'attestera la Guerre froide inter-impérialiste par la suite. Autant d'événements économiques, politico-militaires et diplomatiques ne contribuant en rien à la révolution prolétarienne quoiqu'en disent les exégètes du stalinisme (4).

35. Après les accords impérialistes de Yalta et de Potsdam (1945), l'empire de toutes les Russies s'étendra encore davantage, jusqu'aux portes de l'Adriatique, vers l'Elbe, vers la Baltique, sur une partie de la Finlande et sur les îles Kouriles après l'entrée en guerre non provoquée contre l'impérialisme japonais (5). Nous savons maintenant ce qu'il adviendra de ces conquêtes éphémères pour l'empire russo- soviétique. Dès 1989, l'anachronique Mur de Berlin sera détruit, symbole de la déchéance de cette alliance économique branlante (Comecon 1949-1991) empêtrée dans ses contradictions économiques d'abord, politiques, sociales et militaires ensuite. Chacun devrait conclure que le capitalisme monopoliste d'État soviétique s'est avéré moins efficient - moins productiviste - moins aptes à valoriser et à faire circuler le capital en accéléré, moins capable de produire de la plus-value que le capitalisme monopoliste "libéral" financiarisé, globalisé et mondialisé. La preuve économique étant faite l'effondrement de l'État monopoliste soviétique et de ses satellites en sanctionna le verdict (6).

36. Toutefois, aussi tôt qu'en 2008, la variante soi-disant "libérale" des rapports de production capitalistes en phase impérialiste connaîtra des secousses sismiques d'envergure internationale qui ne seront que les prémices de plus grandes à venir. Cet effondrement inéluctable sera cependant infiniment plus catastrophique, car ce mode de production décadent est au terme de sa déchéance et ne peut envisager sa survie temporaire qu'à travers une guerre thermonucléaire.

37. La Seconde Guerre mondiale fut la réponse du mode de production capitaliste à la crise économique de 1929, tout comme la Première Grande Guerre mondiale avait été la réponse du mode de production capitaliste à la crise économique de la fin du XIXe siècle. La conquête de nouveaux marchés, tels étaient les objectifs de la première vague de « mondialisation » (1870-1914) sous l'hégémonie impériale britannique. Cette période sera marquée par la formation de monopoles, par l'accumulation du capital dans les mains de quelques ploutocrates, et par une crise financière et économique prolongée, la "Longue (ou grande) Dépression " (1873-1891). Cette dernière aura été le produit délétère d’un « âge d'or » économique qui a fait le bonheur des rentiers qui ne pouvaient contribuer à la reproduction élargie du capital puisque la crise de surproduction (relative) sévissait dans le monde impérialiste. Cette longue et sévère dépression, amorcée par une grave crise bancaire, sera précédée par un double mouvement de spéculation immobilière et de spéculation boursière, facilité par la libéralisation bancaire des années 1870 dans plusieurs pays d'Europe.

38. Sous le mode de production capitaliste (MPC) une guerre n'est jamais fondamentalement idéologique, ethnique, raciale, religieuse, morale, sociale, nationale. Sous le mode de production capitaliste, une guerre est toujours le résultat des contradictions économiques profondes qui se répercutent dans les rapports de production des classes sociales antagonistes. C'est alors que ces guerres de rapines et de partage des zones d'influence prennent des apparences de conflits ethniques, culturels, religieux, moraux, sociaux et nationalistes.

39. La résurgence de la crise économique systémique du capitalisme moribond amène les puissances d'une alliance impérialiste (Atlantique) à lancer une série de guerres de rapines au Moyen-Orient pétrolier afin d'y contrôler plus directement les sources d'énergies fossiles. Elles assassinent et remplacent les anciens intermédiaires nationalistes locaux trop gourmands ou déviants. Elles se sont butées à une autre puissance impérialiste quand elles ont tenté de remplacer le sous fifres Bachar al Assad en Syrie. Cette succession de guerres de rapines localisées a entraîné la dislocation des rapports sociaux de production dans ces pays intégrés à l'ensemble économique impérialiste globalisée et mondialisée. Le vacuum de la gouvernance étatique bourgeoise provoquée par ces guerres continuelles, dans cette aire géographique fragile et en crise économique sévère (le chômage et la misère étant le lot de la majorité), a provoqué l'émergence d'alternatives tribales, ethniques, grégaires, religieuses, nationalistes, mises de l'avant par différents segments de la bourgeoise et de l'oligarchie princière locale (l'État islamique, le Yémen divisé, l'État kurde, l'État bantoustan-Palestinien, le Soudan chrétien, le Liban segmenté, l'Irak divisé, etc.) soutenus par différentes puissances internationales. Contrairement à ce que prétendent les "conspirationnistes" bourgeois - "chaos et anarchie" ne sont pas les objectifs recherchés, mais sont néanmoins les résultantes de ces menées guerrières entretenues et financées de l'intérieure et de l'extérieure des zones de combats. Guerres et diplomatie ne sont jamais que les prolongements de la politique, elle-même extension de l'économique en crise systémique (7).

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40. Revenons à la Seconde Guerre mondiale dont il est largement question dans l'actualité au moment des célébrations du 70e anniversaire de la victoire impérialiste Soviétique sur l'impérialisme Allemand. Sans aucun doute l'impérialisme soviétique a subi l'assaut le plus important de la part de l'armée germanique. Six millions de soldats ont été déployés à travers la plaine de toutes les Russies, comprenant les unités d'élite du Troisième Reich. Il est compréhensible qu'il en ait été ainsi. C'est bien à partir des richesses confisquées à l'Union de toutes les Russies Soviétiques que l'empire germanique comptait ravitailler son armée, relancer son économie, revitaliser son industrie, se préparer à contrer l'invasion américano-britannique sur le front Ouest et poursuivre son agression contre l'Afrique du Nord. Le capitalisme monopoliste d'État totalitaire russe a réussi à mobiliser toutes les forces de toutes les Russies multiethniques dans la Grande Guerre Patriotique pour sauvegarder le pouvoir du Parti bolchevique sur l'appareil d'État totalitaire et repousser l'envahisseur étranger venu piller, exploiter, pressurer, tuer et saigner à blanc la patrie aux multiples nationalismes.

41. Mission fut accomplie et la barbarie ennemie déchaînée contre les nations de toutes les Russies fut repoussée au prix de multiples sacrifices (26 millions de morts et des millions de blessés). Après la guerre, l'Union des Russies "Socialistes" Soviétiques, en vertu des accords négociés avec ses alliés impérialistes, protégea ses frontières par un glacis de pays asservis. Ces pays, à commencer par la Yougoslavie titiste et la Roumanie de Ceausescu, devaient par la suite tenter de se dégager de cette emprise impérialiste contraignante, croyant que de jouer à la fois sur les tableaux soviétique et américano-britannique pourrait leur être profitable. Aujourd'hui, Vladimir Poutine, digne successeur des apparatchiks soviétiques, poursuit cette politique de maintien d'un glacis de pays soumis aux portes de l'empire encerclé. Les guerres du Caucase, des Balkans, et d'Ukraine en attestent amplement.

42. Indubitablement la Russie est en mode défensif et subit les assauts de l'alliance impérialiste atlantique (OTAN). C'est le prix qu'elle doit payer pour s'être acoquinée avec la nouvelle puissance impérialiste chinoise dont l'ombre menaçante se profile à l'horizon de l'économie politique mondiale. Tout ceci n'empêche pas la Russie et la Chine impérialistes d'étendre leur zone d'influence en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est (Cool.

43. La Gauche communiste n'a pas à endosser la propagande russe et pas d'avantages à contrecarrer la propagande américaine à propos des événements entourant la Seconde Guerre impérialiste mondiale sur le front Est. Quel est l'intérêt pour la classe prolétarienne révolutionnaire de connaître le quantum de l'effort fourni par chacune des puissances engagées dans cette guerre impérialiste meurtrière ? Ce que la classe ouvrière doit savoir c'est que dans cette guerre comme dans celle qui l'a précédé elle servit de chair à canon pour la défense des intérêts des différentes bourgeoisies et oligarchies nationalistes. Telle fut la nature impérialiste de cette Seconde guerre économique, politique et militaire et tout comme hier les capitalistes nationalistes faisaient campagne pour la défense du totalitarisme "démocratique" contre le totalitarisme "fasciste". Du bilan de ces évènements catastrophiques - allant jusqu'à l'usage de la bombe atomique par l'une des alliances belligérantes (comprenant l'URSS) -, nous devrons dégager des enseignements pour la révolution prolétarienne espérée et contre la guerre thermonucléaire projetée.

44. Spécifions au passage que compte tenu du niveau de développement des moyens de production, des forces productives et des rapports de production parmi les puissances belligérantes la défaite des puissances de l'Axe était inéluctable. Ainsi, l'Allemagne s'avéra incapable de monter un projet militaro-scientifique comme le projet Manhattan (bombe atomique), par lequel, l'impérialisme américain se positionna comme la première puissance hégémonique du siècle à venir. Quand au Japon, il suffit de mentionner qu'il ne produisit aucun nouveau porte-avions ni aucun nouveau grand cuirassé au cours de la guerre - attestant que son effort de guerre démesuré absorbait la quasi totalité des forces vitales de cette économie à peine entrée dans l'économie mondialisée. L'impérialisme américain pour sa part accéléra énormément la production de sa marine de guerre, l'arme privilégiée dans la Guerre du Pacifique. L'énorme puissance économique et militaire américaine alliée à la puissance soviétique formèrent le duo invincible de cette Seconde Guerre impérialiste mondiale. L'après-guerre - la "Guerre froide" - mettra cinquante ans pour départager les capacités de chacune de ces puissances dominantes à survivre à la crise systémique du capitalisme-impérialiste.

45. Pour conclure, deux modes de production antagonistes - capitalisme et socialisme pour l'édification du communisme - ne peuvent coexister ni pacifiquement, ni militairement, ni diplomatiquement, ni autrement. Si l'URSS a survécu pendant soixante-dix années aux côtés du camp impérialiste Atlantique, c'est que l'Union des Russies "Socialistes" Soviétiques était la forme économique, politique, juridique, idéologique, du mode de production et d'échange capitaliste monopoliste dans cette partie du monde. Il semble aujourd'hui que la puissance impérialiste russe se soit trouvé quelques complices (BRICS) avec qui faire alliance en vue de poursuivre sa destinée économique et sociale bourgeoise. Malheureusement, pour les héritiers des bâtisseurs du capitalisme monopoliste "soviétique", quel que soit leur allié impérialiste, le mode de production capitaliste globalisé et mondialisé est moribond et les entraînera jusqu'au fond avec le reste de la société capitaliste en panade.

***********

46. Vite, que la Gauche prolétarienne révolutionnaire authentique se retire de ce salmigondis et qu'elle revienne à l'essentiel. C'est-à-dire, mieux comprendre le monde économique, politique et idéologique actuel afin d'éclairer la voie de la révolution prolétarienne à venir. Comme la Gauche communiste italienne le fit dans les années trente et suivantes nous affirmons que le programme de la Gauche prolétarienne révolutionnaire est aujourd'hui :

A. De ne pas trahir les principes de l'internationalisme prolétarien. En cette période de crise systémique du capitalisme en phase impérialiste décadente les luttes de libération nationale sont réactionnaire et anti-prolétarienne.

B. Aucun front uni avec les sociaux patriotes, les "antis-fascistes" et les pros-dictature bourgeoises "démocratiques" ne tient la route. La classe prolétarienne est la seule classe sociale révolutionnaire conséquente et tout autre classe ou fragment de classe qui souhaite contribuer à l'insurrection prolétarienne doit se mettre sous la direction, sans condition, de la classe prolétarienne.

C. La classe prolétarienne n'a pas à fédérer ou à assumer les revendications réformistes des autres classes ou sections de classes sociales paupérisées dans le cours de la crise systémique dégénérative du capitalisme moribond.

D. Partout dans le monde globalisé et mondialisé la seule façon de stopper la marche à la guerre et au totalitarisme d'État bourgeois c'est de promouvoir l'insurrection et la révolution prolétarienne mondiale. Il n'y a plus aucune place pour les pleurnichages opportunistes ni les supputations réformistes. L'heure est au rappel de la troupe pour mener des escarmouches préparant l'insurrection générale.

E. Tirons les bilans des échecs de la vague révolutionnaire des années vingt, de la Révolution bolchevique en particulier; de la vague révolutionnaire d'après-guerre, de la Révolution chinoise en particulier (1949); de la vague prérévolutionnaire des années soixante et soixante-dix, de la guerre du Vietnam en particulier (1973); pour élaborer les leçons appropriées afin qu'elles servent de fondement idéologique marxiste aux nouveaux partis qui surgiront inévitablement dans la résurgence du mouvement prolétarien spontané qui ne fait que commencer (9).

F. Comment la Gauche prolétarienne révolutionnaire parviendra-t-elle à transformer le mouvement insurrectionnel prolétarien spontané en révolution prolétarienne consciente pour amener cette classe à accomplir sa mission historique maintenant - ou dans cinquante ans ? Voilà ce qui nous préoccupe (10).


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