Le Déclin de l'Impérialisme Contemporain
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RÉGIMES DE RETRAITE, QUI A RAISON ?

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Message par Admin Ven 8 Aoû - 15:52

L’État policier malmené

Deux semaines que les policiers et les pompiers du Québec portent des jeans, grillent les feux rouges, placardent leurs véhicules et brûlent leur parka devant l’hôtel de ville pour protester contre les coupures à leur régime de retraite. Pourquoi le bras séculier – bien payer – de l’État policier est-il en rupture de ban contre son maître complaisant ?

Nous l’avions pourtant annoncé. La crise économique s’approfondissant l’État policier devra bientôt s’en prendre à ses plus fidèles affidés, ses plus zélés serviteurs, les mieux payés en définitive, toute la couche des petits-bourgeois œuvrant pour l’État des riches. Ce jour est venu. Ce sont aujourd’hui les policiers, les pompiers, demain ce seront les centaines de milliers d’autres employés, cadres, professionnels, journaliers et fonctionnaires. Dans nos sociétés capitalistes, l’État policier assure la reproduction de la force de travail, condition essentielle à la valorisation du capital et à sa reproduction élargie. C’est la raison de ces multiples services et de ces milliers d’employés.

Hier, avant l’approfondissement de la crise globale et mondiale, l’argent coulait à flots, adossé ou non à des valeurs sûres, peu importait, la roue de l’inflation, de la dilapidation, de la corruption, de la spéculation et de la vie à crédit tournaient à plein régime et nul ne se souciait de la vénalité des retraités. Les municipalités et les gouvernements provinciaux et fédéral finissaient par céder aux demandes d’améliorations des conditions de travail, de salaires et des caisses de retraite de leurs employés. C’était l’État providence en Occident exclusivement et pour un temps seulement.

Les recettes fiscales étaient au rendez-vous. Les rendements des placements boursiers étaient suffisants pour que les caisses de retraite fassent des surplus. Quand l’État n’avait pas les moyens de verser dans les caisses de retraite sa cote part en milliards ($) il faisait comme le bookmaker de la Taverne chez Henri – il promettait de payer une partie de sa dette avec son prochain chèque. Le reste s’accumulait sur son compte, aujourd’hui devenu sa tombe.

Le vent tourne et la crise revient s’inviter

La crise cyclique et systémique plomba les rendements boursiers. Les actifs de pacotille adossée à des valeurs insolvables s’envolèrent en fumée. Une année, la Caisse de dépôt et placement du Québec annonça 40 milliards de dollars de déficit. De l’argent de nos caisses de retraite envolé en fumée (le bas de laine était troué). Avec la crise l’activité économique s’anémia tout autant que les revenus de l’État. L’inflation minait la valeur du dollar et faisait augmenter d’autant la dette extérieure. De l’argent en moins pour rembourser la dette intérieure.

Peu à peu l’État qui hier, au temps de la relative prospérité, faisait bombance – dépensait sans compter – s’endettait pour l’éternité – dû se trouver une nouvelle probité. Pas question de faire payer les riches, les entreprises privées, les banquiers, les spéculateurs boursiers, les requins de la finance, tous ces gens risquaient de délocaliser et d’abandonner la contrée. La «classe moyenne» fut donc appelée à la rescousse par des hausses d’impôts et de taxes, scolaires, municipales, provinciales, par la hausse des tarifs pour les services, scolaires, électricité, transport, garderie et autre. Mais la crise était trop profonde et tous ces sacrifices n’auront pas suffi à renflouer les coffres de l’État policier au service des magnats de la finance et de l’industrie.

Nous en sommes là. L’État policier est contraint d’ouvrir les conventions collectives de ses centaines de milliers d’employés afin de répudier sa signature; et d’effacer sa dette actuarielle suite à son refus de payer sa cote part au fur et à mesure, laissant la dette gonflée jusqu’à 3,5 milliards de dollars (NB une dette municipale doit être prise en charge par l’État québécois en cas de défaut de payer d’une municipalité).

Les parties en conflit


D’un côté, les employés de l’État ont négocié et obtenu ces régimes de retraite. Les employés de l’État ont versé régulièrement leur contribution à ces fonds de pension. Les municipalités et l’État québécois ont accepté et signé ces conventions collectives. Mais ils n’ont pas versé leur cote part laissant leur déficit s’accumuler et aujourd’hui paniqués, ils croient pouvoir s’en tirer en rouvrant unilatéralement les conventions collectives passées pour effacer les traces de leur engagement conscient. L’État bourgeois se rend ainsi vulnérable. Il démontre à l’évidence son arrogance dictatoriale et le peu de cas qu’il fait de ses plus fidèles affidés. Vous imaginez ce que ce sera quand il s’agira de couper les caisses de retraite des fonctionnaires et autres employés non armés.

Face à cette attaque en règle, totalement illégale – à un point tel que l’État bourgeois doit concocter une loi spéciale lui permettant d’invalider sa signature, celles des municipalités –, les bureaucrates syndicaux à la solde proclament que la bataille des employés ne vise pas à faire reculer l’État, mais simplement à récupérer le droit de négocier isolé, chaque municipalité devant ses propres employés, s’en remettant strictement aux négociateurs syndicaux professionnels – dont c’est le métier de marchander la force de travail des payeurs de taxes syndicales.

Surtout, pas de mobilisation provinciale globale, pas de grève générale, pas de mouvement des salariés. Pas question que les travailleurs soient mobilisés pour monter à l’assaut du Parlement faire reculer les polichinelles politiques qui ont failli.

Avec une telle stratégie de démobilisation des forces salariées. Avec une telle stratégie de méfaits publics, de coup d’éclat sans lendemain et de dévoiement des objectifs de cette lutte de défense des conditions de vente de la force de travail. Avec cette stratégie de s’en remettre aux négociations derrière des portes closes entre hommes d’affaires syndicaux et hommes d’affaires patronaux, ne soyez pas surpris si ce saccage futile et ce bavardage inutile se termine en queue de poisson. Le poisson pour le patron et la queue pour les employés floués.


Le Manifeste du Parti ouvrier mondial (2014). [url=http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520 ]http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520 [/url]

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