Le Déclin de l'Impérialisme Contemporain
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L'IMPOSSIBLE AUSTÉRITÉ NÉCESSAIRE

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Message par Admin Ven 30 Jan - 1:36

Ça s’appelle une contradiction



Un analyste s’étonne que les mesures d’austérité annoncées par les différents gouvernements du Québec et du Canada ne fassent pas diminuer les dépenses étatiques. L’auteur se désole : « Quelle austérité ? Parce que les réductions de dépenses proposées par le gouvernement, mises en perspective, sont loin d’être aussi catastrophique que ça. En réalité, ce sont des peanuts » et l’analyste de poursuivre : «Le gouvernement dépense comme un matelot en permission depuis les années 60. On le voit très précisément sur le graphique. On a institué des tonnes de programmes sans vraiment se demander s’ils étaient efficaces et justifiés ». L’auteur conclu que «Carlos Leitao (ministre des Finances du Québec), annonce la formation de deux commissions qui auront pour but de déterminer quelles dépenses peuvent être coupées et comment réformer la fiscalité» (1).

Cet analyste pense, comme bien des gens, que l’État (celui du Québec, du Canada, des États-Unis, de France, etc.) est dirigé par le gouvernement du peuple, élu par le peuple et pour le peuple (sic). Que cet État, au-dessus des luttes de classe et des contingences économiques capitalistes, peut faire ce qu’il désire à condition d’en avoir le courage et la vision grand-angle et le songe prémonitoire.

Aucun État, nulle part dans le monde, ne correspond à cette fricassée publicitaire que l’on enseigne aux universitaires, dans les écoles et sur les parvis des églises et des mosquées.

L’État dans toute société de classes est l’État-major – le lieu du pouvoir de la classe dominante. C’est le Conseil d’administration des patrons – des milliardaires et des entreprises privées – et cet État est assujetti aux lois économiques générales dont il ne peut disconvenir sous peine de faillir, qu’il ne peut transgresser sans crainte de s’effondrer.

Tous auront remarqué que le système économique mondial subit les contrecoups des crises systémiques globalisées et mondialisées. L’État du Québec (8 millions d’individus) ne fait pas exception. La crise mondiale ne trouve pas son origine en Ungava ni sur la rue Saint-Jacques à Montréal où il se brasse trop peu d’affaires pour modifier la santé économique de la Terre.

Depuis Robert Bourassa (années 1970), chaque gouvernement québécois a annoncé qu’il mènerait des études, des révisions de programmes, des analyses fiscales, des commissions d’enquêtes (dont la commission de la libérale Forget) pour étudier les coupures à opérer, les programmes à abolir, le dégraissement des dépenses étatiques à exercer et les taxes et les impôts à augmenter (traduction libre de l’expression candide : «réformer la fiscalité»).

Le résultat est connu – péquistes ou libéraux – les dépenses gouvernementales ne cessent de croître – lentement mais sûrement ! Pourquoi le grand capital a-t-il tant de difficulté à disloquer l’État providence des années soixante et à imposer la dictature austère de «l’État policier» ?

C’est que dans les pays développés comme le Canada, la France, le Royaume-Uni, l’État fournit presque la moitié du très modeste revenu d’un prolétaire ordinaire et davantage pour un sous-prolétaire. Sans mot dire, dans l’ensemble des sociétés impérialistes nous assistons à la transformation de l’État libéral bourgeois en État impérialiste corporatiste = «l’État policier» que je l'appel. On constate ce processus par l’accélération de la tendance à la prise en charge par l’État de l’entretien et de la reproduction de la force de travail. L’État impérialiste assure une part grandissante du revenu des ouvriers, via les prestations de revenus indirects et même par le salaire direct (l’État étant le plus grand employeur dans tous ces pays), tout en grugeant ces revenus autant qu’il peut le faire, tant par la dégradation des prestations sociales, la réduction des services de santé et d’éducation, qu’en augmentant les impôts et les taxes que paient les salariés (2).

On est loin du soi-disant désengagement de l’État néo-libéral dont les gauches de toutes espèces nous rabattent les oreilles. C’est tout le contraire. En 2008, on a vu l’ampleur de l’engagement de l’État des riches en ce qui concerne le sauvetage des banques et des institutions du secteur financier. On le voit maintenant dans la restructuration des rapports de production et dans la prise en charge d’une part croissante du revenu ouvrier et salarié, c’est-à-dire dans l’entretien et dans la reproduction de la force de travail.

Si demain l’État des riches, au Québec, au Canada, en France ou aux États-Unis coupait ses dépenses de 50%, ce sont des dizaines et des centaines de milliers d’emplois qui seraient abolis, des centaines de milliers de travailleurs consommateurs qui n’auraient plus un sou pour acheter-consommer et des milliers d’emplois qui seraient ensuite abolis dans les magasins et dans les usines de production de marchandises. Des centaines de milliers de propriétaires hypothéqués qui rendraient les clés de leurs condos et de leurs propriétés et des dizaines de banques qui feraient faillite croulants sous les créances impayées. Cette catastrophe économique entraînerait l’effondrement des revenus (taxes et impôts) des États bien au-delà de la baisse de la moitié des dépenses planifiées, ce qui signifierait que même dégraissé de la moitié de ses dépenses, le budget de l’État, ramené à celui de 1926, entraînerait tout de même un déficit budgétaire étatique.

Il suffit de visiter la Grèce où de telles coupes budgétaires (moins drastiques toutefois) ont été imposées pour comprendre que de jeter 50% de la population d’un pays dans l’indigence ne constitue pas une solution à la crise économique et étatique capitaliste. Tout comme de faire tourner la planche à billet et d’ouvrir le crédit illimité ne constitue pas une alternative pour la croissance économique.

Je conviens facilement que de poursuivre les programmes de dépenses gouvernementales tels que nous les connaissons actuellement ne pourra mener qu’a l’effondrement. La politique inverse mènerait aux mêmes résultats. Bref, présentement les États capitalistes achètent du temps – un sursis – avec leurs politiques de ralentissement des dépenses de programmes. Mais ils ne peuvent absolument pas faire autrement, car si les ouvriers grecs n’ont pas encore détruit leur État bourgeois rien ne certifie que si tous les prolétaires d’Europe étaient soumis aux fourches caudines de l’oligarchie financière – il ne se produirait pas un grand soulèvement continental qui pourrait être le début de la solution à la crise systémique du capitalisme.

Le contrat social capitaliste

Le contrat social capitaliste a été rompu – l’ouvrier est disponible et disposé à travailler et à se laisser exproprier sa plus-value; le capitaliste est disponible et disposé à investir son capital pour le valoriser et le reproduire, pourtant, les occasions d’affaires profitables sont inexistantes. Le capital est disponible mais il ne trouve pas à se valoriser et à produire de la plus-value. Les rapports de production capitaliste entravent le développement des forces productives et la valorisation du capital. Le système capitaliste et l’État capitaliste ont failli et doivent être remplacés par un nouveau mode de production planifié. Aucun parti politique bourgeois de ce monde (y inclut Syriza) ne propose cette alternative aux ouvriers. Le prolétariat devra donc reconstruire ses organisations de classe révolutionnaire.

_________________

(1) http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/austerite-mon-oeil/#comment-94927
(2) Extrait tiré du MANIFESTE DU PARTI OUVRIER



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